Consommer moins pour vivre plus

Parfois, j’ai l’impression que la vie suit un cycle tout à fait monotone et prévisible : on va à l’école, on fait des études qu’on choisit plus en terme de débouchés qu’en terme d’envie, puis on se hâte de trouver un job pour pouvoir enfin faire comme tout le monde autour de nous : consommer. Louer un appart, s’acheter une télé, une voiture, une maison… Pourquoi tous les enfants ont-ils hâte de devenir grands ? Ainsi ils pourront être libres de faire ce qu’il leur plaît. Mais en grandissant, le «faire tout ce qu’il me plaît» devient plutôt «acheter tout ce qu’il me plaît»… Combien d’entre nous sont-ils vraiment libres de faire ce qu’ils veulent ? Le temps est plutôt au travail pour pouvoir acheter sa nourriture et ses vêtements, ainsi que payer son loyer ou son crédit. La consommation est au centre de nos préoccupations et pourtant, nous gagnerions tellement plus à consommer moins !

La vie s’achète plus qu’elle ne se vit.

Acheter des biens matériels, cela à un coût financier mais aussi environnemental, et les horaires de travail souvent très prenantes participent grandement aux mauvais choix que nous faisons en tant que consommateurs.
En alimentation, on achètera plutôt des produits pratiques à emporter au bureau et rapide à préparer, parfois même tout prêts.
On ne prendra pas le temps de recoudre un vêtement qui a un accroc, et on en achètera plutôt un nouveau.
On ne s’embêtera pas à faire ses produits cosmétiques ou d’hygiène soi-meme, quitte à acheter des solutions contenant des ingrédients dangereux pour notre santé.
Et ainsi de suite…

Je le sais, je suis passée par là, et j’avoue que je n’en suis pas encore tout à fait là où je voudrais être. Cette année a été plus particulièrement difficile : ayant changé de pays, les habitudes écologiques que j’avais adoptées en France ont eu la vie dure, par manque d’énergie ou manque d’équivalents sur place. Choisir de moins consommer, ou plutôt de consommer de façon plus responsable n’est pas un changement qu’on fait du jour au lendemain ; c’est un cheminement qui se fait progressivement.

Comment moins consommer ?

Il y a trois règles principales :

• Répare-le. Ces chaussettes ne valent peut-être pas le coup d’être jetées pour un si petit trou. Ce sèche-cheveux a peut-être un problème que votre voisin pourrait facilement résoudre (c’est ce qui m’est arrivé il y a huit ans, et depuis j’ai toujours le même). Bien-sûr, la qualité des objets d’aujourd’hui, surtout s’ils sont électriques (cf obsolescence programmée…) n’est plus la même qu’hier, et ils ne résistent donc pas à toute épreuve. Mais le plus souvent, si le degré d’électronique n’est pas trop complexe, ils pourront être réparés ! Si vous n’êtes pas bricoleur vous-même, demandez à votre entourage, on finit toujours par trouver quelqu’un qui s’y connaît. Si vraiment vous ne trouvez personne, regardez s’il y a un Repair café dans votre ville ; il s’agit de bénévoles – vous pouvez en faire partie aussi ! – qui se réunissent une fois par mois dans un lieu donné, et qui réparent gratuitement tout ce qu’on leur apporte.
• DIY (Fais-le toi-même). Qu’il s’agisse de nourriture, de produits de beauté, de produits d’entretien, de vêtements ou même de meubles, essayez de le faire vous-même. Il y a des tas de tutoriaux sur Internet qui vous expliqueront comment faire tout ce que vous désirez – d’une simple quiche Lorraine à une maison – et votre imagination est là pour ça aussi ! Donc avant d’acheter quelque chose, vérifiez si vous ne pouvez pas le faire vous même. Sur ce site, vous trouverez des idées qui vous aideront à recycler des emballages ou autres matériaux et les transformer en objets étonnants. Car mieux vaut réutiliser qu’acheter neuf !
• Emprunte-le ou trouve-le d’occasion. L’idée ici est que, si on ne peut ni réparer un objet ni le faire soi-même, on en réutilise un déjà existant. Et là, une multitude de possibilités s’offrent à vous : chiner dans les marchés aux puces, explorer les dépôts-ventes, aller sur des sites Internet comme le Bon Coin, Digitroc ou Vinted (un vide-dressing). Nombreux sont les réseaux où vous trouverez votre bonheur… en seconde main !

La nourriture est un cas spécifique, et génère la majorité de nos déchets ménagers. Pour consommer de façon plus responsable, il faut donc bien sûr éviter d’acheter des produits emballés, et privilégier le vrac, de préférence dans des sachets en tissus fait soi-même ! Et le must, c’est bien sûr de produire sa propre nourriture et donc d’avoir un jardin potager.

On est souvent confronté à un dilemme lorsque il s’agit d’acheter des cadeaux. On ne se voit pas arriver avec un objet d’occasion ou un collier de nouilles «fait soi-même» – et sur ce dernier point on a bien raison ! Pourquoi ne pas plutôt acheter des expériences non matérielles, comme un billet de cinéma, ou une séance de massage ? Des fleurs du jardin ou des gâteaux faits maison font aussi des merveilles pour les petites occasions.

Un petit mot aussi sur l’eau et l’électricité : pourquoi ne pas investir dans un récupérateur d’eau et des panneaux solaires ?

Pourquoi choisir de moins consommer ?

La plupart des gens voient cette «décroissance» comme une lubie ridicule : pourquoi moins consommer alors qu’on a les moyens d’acheter ? Autant en profiter !

Tout d’abord, parce que tout le monde n’a pas les moyens de consommer comme nous le faisons. La surconsommation des pays riches se fait au détriment des pays plus pauvres ; il n’y a pas de ressources pour tout le monde. L’exemple le plus frappant est l’alimentation : les habitants des pays de l’hémisphère Sud sont souvent en état de malnutrition par manque de nourriture alors que les habitants de l’autre hémisphère sont obèses… et quand même en malnutrition. Le problème est plus complexe évidemment, mais il provient indéniablement de notre surconsommation.

Mais au-delà de cette réédition du «Finis ton assiette, pense aux enfants qui meurent de faim dans le monde», on choisit de moins acheter de produits tout faits parce que c’est une expérience enrichissante… et agréable ! C’est tellement gratifiant de savoir préparer sa propre crème de visage, parfaitement adaptée à sa peau ! Une pizza faite maison est tellement plus savoureuse qu’une pizza commandée chez Pizza Hut ! Et que dire d’une salade de tomates du jardin ! Faire les choses soi-même, c’est savoir «comment c’est fait». Qui sait encore comment faire son propre pain alors qu’on en mange tous les jours ? J’irai même plus loin : l’Homme a inventé le feu, mais qui sait de nos jours comment allumer un feu sans briquet, qui connaît les matériaux nécessaires pour créer cette friction et ainsi faire apparaître une flamme ? Bref, je m’emporte, mais il n’en reste pas moins que faire les choses soi-même, cela apporte une sacrée dose de satisfaction et de fierté. Et surtout, on peut créer des produits sortis de notre imagination et qui nous correspondent vraiment !

Faire les choses soi-même, c’est aussi ralentir le rythme et prendre le temps d’être présent pour ce que l’on fait. Ne pas simplement faire réchauffer une barquette de hachis parmentier au micro-ondes et le manger en regardant la télé. Prendre le temps de choisir ses ingrédients, et être concentré sur ce que l’on prépare, c’est presque comme une sorte de méditation ; notre esprit peut enfin se reposer à ne faire qu’une seule chose à la fois.

Arrive en dernier l’argument financier, car moins consommer vous fera effectivement faire des économies, c’est évident ^^

Oui mais…

Vous vous dites certainement «Bon, elle est bien gentille la madame mais moi j’ai un boulot, et je n’ai pas le temps de tout faire moi-même…»
Bien sûr, ça prend du temps. Et souvent, après une longue journée de travail, votre plus grande envie n’est certainement pas de préparer des lasagnes qui mettront une heure à cuire au four, mais plutôt de vous affaler sur le canapé et de commander une pizza.

Alors oui, il faut de la motivation, et il est important pour ça de commencer petit ; commencez par préparer votre repas favori, ou bien une crème pour le visage toute simple. Vous serez vite convaincu(e) du plaisir que cela apporte, et des bienfaits sur votre santé. Depuis que je prépare les repas moi-même, non seulement je me fais plaisir, mais je fais attention à manger équilibré ; je m’intéresse même à la nutrition et à la manière dont l’alimentation peut améliorer notre santé ! Je fais tous mes soins pour le visage moi-même, et je vois la différence. Ma peau est tellement plus belle que lorsque j’utilisais des produits du commerce ! Et cela permet de prendre un moment avec soi, où l’on se sent présent.

Pour faire face à la démotivation post-travail, le mieux est de faire une «coupure» ; dès que je rentre du bureau, j’essaye de ne pas me laisser tenter par le canapé ou pire, Internet. Je vais directement prendre une douche, ou bien je vais simplement dans ma chambre et je médite un instant. Le fait de respirer profondément et consciemment me déstresse et me permet de couper avec ma journée de travail. La motivation revient, et généralement, des tas d’idées me viennent à l’esprit.

Il viendra sûrement un jour où j’aménagerai mon temps de travail, ou bien travaillerai à mon compte pour faire plus de choses moi-même, notamment cultiver un potager. Car l’avantage de consommer moins, c’est aussi de dépenser moins, avoir plus de liberté, et donc d’imaginer un autre rythme de vie !

Voilà, vous avez toutes les clés en moins pour consommer moins et de manière plus responsable, il ne tient qu’à vous de trouver le mode de vie qui vous convient vraiment !

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