Comprendre son cerveau pour mieux dépasser ses peurs

Aujourd’hui, un article d’un genre un peu différent : parce que les solutions pour accéder au bien-être se trouvent souvent déjà à l’intérieur de nous-même, j’avais envie d’explorer le fonctionnement du cerveau et comprendre comment s’en servir pour dépasser son anxiété et ses peurs.

Imaginez que vous vous apprêtez à prendre la parole devant 200 personnes. Dans les coulisses, vous êtes en proie à un stress intense, au point de regretter amèrement d’avoir accepté de faire ce discours. Ce que vous avez vu comme une belle opportunité vous paraît à présent être la pire décision de votre vie. Vous imaginez mille et une façons d’éviter le carnage : si vous dites que vous vous sentez mal, peut-être pourront-ils annuler la conférence ? D’ailleurs vous avez en effet l’estomac barbouillé. Mais la peur de décevoir tous ces gens étant encore plus forte que celle de se ridiculiser, vous décidez d’y aller.

Le cerveau, mon meilleur ennemi ?

Vous faites quelques pas sur la scène, mal à l’aise, et vous sentez une crise de tachycardie en approche : votre cœur bat la chamade et vous avez des sueurs froides. Pour couronner le tout, votre cerveau vous a lâchement abandonné et est incapable de vous donner le moindre indice sur le contenu de votre discours.

Rouge de confusion et de colère, vous commencez à pester contre votre cerveau. Pourquoi s’entête-t-il à vouloir vous mettre des bâtons dans les roues ? Car ce n’est pas la première fois qu’il agit de la sorte : que ce soit lors des rentrées des classes, des contrôles de maths, du bac ou encore de vos auditions de piano, il s’est depuis toujours amusé à jouer avec vos nerfs et a presque réussi à vous faire rater quelques examens. Pourquoi tant de haine ?

En fait, croyez-le ou non, votre cerveau ne veut que votre bien. À vrai dire, il cherche même à vous aider, même s’il s’y prend de façon un peu maladroite. Pour vous convaincre, laissez-moi vous expliquer une chose essentielle : le cerveau est un organe encore très primitif. Il ne s’est pas encore adapté aux nouvelles lois de notre société, et son mécanisme n’a pas vraiment évolué depuis… la préhistoire !

La logique primitive du cerveau

Aujourd’hui, nous nous sentons en danger face à des situations qui, la plupart du temps, ne menacent pas directement notre vie : un entretien d’embauche, un discours… Ces soucis ne sont que très récents comparés à l’échelle de l’humanité. Si l’on regarde plusieurs milliers d’années en arrière, la peur impliquait souvent un danger de mort, comme se retrouver face à un animal sauvage par exemple. Lorsque vous vous faites charger par un mammouth, il n’y a pas mille réactions possibles : soit vous fuyez le plus vite possible, soit vous vous battez. [N.B. : dans le cas du mammouth, la première réaction augmentera très certainement vos chances de survie.]

Je vous ai dit plus haut que le cerveau était en fait bienveillant et qu’il voulait vous aider. Que va-t-il faire face à un mammouth ? Logiquement, il va préparer votre corps pour qu’il soit en de bonnes conditions pour courir ou se battre : pic d’adrénaline, accélération du rythme cardiaque… Ça vous dit quelque chose ? Ce sont les mêmes symptômes que le stress.

Si vous êtes face à 200 personnes et que vous vous sentez en danger, cela a beau ne pas être un danger de mort, le cerveau ne fera pas la différence ; tout ce qu’il verra, c’est le mammouth. Soit dit en passant, le cerveau en profitera également pour se mettre en mode « off », car qui a besoin de son cerveau pour s’enfuir ? Vous risquez au contraire de vous poser trop de questions quant à la meilleure stratégie à adopter, et le mammouth aura vite fait de vous embrocher avant que vous n’ayez pris une décision.

Fausses alertes

Il faut donc accepter que côté « instinct », votre cerveau n’est malheureusement pas très futé et qu’il lui faudra certainement de nombreux millénaires avant de changer son mode de fonctionnement. Mais nous avons vu qu’il ne vous veut que du bien, ce qui est une bonne nouvelle non ? Et puis il peut être utile quand il veut.

Pour vivre en harmonie avec notre cerveau et ne pas déclencher le mode « mammouth », il faut donc redéfinir le concept de danger. Face à une situation stressante, posez-vous la question : « Suis-je en danger de mort ? » Si la réponse est non, sachez que vous n’avez aucune de raison de stresser. Non, vous n’êtes pas en danger de mort face à un auditoire qui vous écoute parler. Non, vous n’êtes pas en danger de mort face à votre employeur (du moins je l’espère pour vous). Votre égo est en danger, votre situation financière peut-être, mais votre vie non. Et même si la perte d’un emploi peut à long terme devenir un danger pour votre santé si cela implique de ne plus pouvoir se nourrir, le stress ne fera qu’empirer les choses. Bien sûr, un peu d’adrénaline peut être bénéfique pour booster les performances du cerveau face à un problème ; c’est une sorte de motivation positive que l’on choisit. Mais en mode « mammouth », vous ne serez plus capable d’identifier une bonne ou une mauvaise décision. Par contre, pour rattraper son bus, pourquoi pas…

Certes, il est difficile de changer son rapport au danger ; une solution simple serait donc de « berner » son cerveau en faisant des exercices de respiration. En respirant plus lentement, on indique au cerveau qu’on a fini de courir et qu’il n’y a plus de danger !

Le cerveau ne croit que ce qu’il voit

Vous avez donc compris que le cerveau n’était pas très futé.

« D’accord, mon cerveau croit voir un mammouth à la place de mon employeur, pourquoi pas ? Ce n’est pas un drame, et à vrai dire, il n’a pas tout à fait tort… »

Sauf que je ne vous ai pas tout dit. La vérité, c’est que le cerveau n’est vraiment, vraiment pas très futé.

« Quoi, vous n’allez tout de même pas me dire qu’il croit au Père Noël ? »

Si. Enfin presque.

 

Vous est-il déjà arrivé de saliver à l’idée d’un bon repas ? Faites le test. Fermez les yeux et imaginez-vous en train de manger votre aliment préféré. Vous sentez la salive qui se crée instantanément dans votre bouche ? Ça, c’est le cerveau qui a été berné par votre imagination et qui a cru que vous étiez vraiment en train de manger cette barre de chocolat ; il a donc lancé le processus de salivation. En fait, une partie du cerveau ne peut pas faire la différence entre la réalité et la fiction. Il va donc croire tout ce qu’il « voit » – même si cela se passe à la TV ou dans vos pensées, et il va commander à votre corps de réagir en conséquence. C’est ainsi qu’un film d’horreur peut nous fait peur même si notre conscience sait que ce n’est qu’un film, qu’un bon livre nous fait pleurer ou que la simple idée d’un évènement stressant accélère notre rythme cardiaque. Oui, si vous êtes confortablement assis dans votre canapé et que vous pensez à votre entretien d’embauche prévu le lendemain, votre cerveau croira qu’un mammouth déboule dans votre salon.

Mon cerveau, ce boulet

Là, je vous vois déjà me lancer un regard désespéré.

« Mais pourquoi m’a-t-on affublé d’un tel boulet ? Comment l’empêcher de nuire ? »

Avant toute chose, dites-vous bien que ce n’est pas de sa faute, et que votre cerveau cherche juste à vous protéger.

Ensuite, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.

La mauvaise, c’est que votre cerveau peut en effet vous nuire si vous passez votre temps à vous imaginer le pire. En vous rappelant d’un mauvais moment passé ou en vous angoissant pour le futur, vous allez – littéralement – vous faire du mal, car votre cerveau aura l’impression que vous (re)vivez réellement ces scènes. Il va donc déclencher les mêmes réactions que si vous étiez en train de les expérimenter. Le sentiment de jalousie par exemple est directement lié à cette particularité du cerveau : vous imaginez l’être aimé dans les bras de quelqu’un d’autre et le cerveau croira que c’est vraiment le cas, déclenchant ainsi des sentiments de souffrance et de colère injustifiés.

Passons à la bonne nouvelle : vous pouvez faire de votre cerveau un allié !

Maintenant que vous connaissez un peu mieux son fonctionnement et ses limites, il faut les accepter et essayer de les contourner. perses techniques peuvent vous aider, la plus connue étant la méditation : elle vous permettra de vous concentrer pleinement sur le présent et de laisser s’en aller les pensées inutiles liées au passé et au futur.

Mais j’ai encore mieux : vous pouvez détourner la faiblesse de votre cerveau et vous en servir pour accomplir vos objectifs.

Le cerveau croit tout ce que vous imaginez ? Parfait !

Mon cerveau, ce génie

Imaginez ce que vous feriez si vous aviez cette compétence que vous rêvez d’avoir, comme la confiance en vous ; votre cerveau croira à l’image que vous lui montrerez, et vous vous sentirez tout de suite plus en confiance. Visualisez cet objectif que vous voulez atteindre, laissez-vous aller à imaginer ce que vous ressentirez au moment où il sera réalisé ; votre cerveau croira ainsi que vous en êtes capable. Cela peut paraître contradictoire avec la célèbre citation de Robert  Louis Stevenson : « L’important n’est pas la destination, c’est le voyage ». Il ne s’agit bien sûr pas de vivre dans une illusion, mais dans de nombreux cas, visualiser le résultat peut aider à trouver des solutions et du courage pour y arriver.

Lors d’une conférence, l’écrivain et spécialiste du développement personnel Laurent Gounelle proposait l’exercice suivant : imaginez-vous dans cinq ans avec un revenu multiplié par trois. Visualisez ce moment, puis demandez-vous : « Qu’ai-je fait ces cinq dernières années pour en arriver là ? » Le cerveau sera alors capable d’imaginer des stratégies ou des chemins auxquels vous n’auriez pas pensé, car vous n’auriez pas cru cela possible. Mettez-vous dans la peau d’un auteur qui écrit un roman policier : en connaissant d’emblée la fin de l’histoire, il vous sera plus facile d’imaginer toute l’enquête qui mènera à la solution de l’intrigue.

Rappelez-vous : votre cerveau veut vous aider à atteindre vos but. Et s’il y a une chose en laquelle il excelle, c’est celle de trouver des solutions – je dis bien « des » solutions, car il va imaginer tous les chemins possibles pour arriver à votre but. Et c’est là que vous intervenez, en déverrouillant des portes fermées par des « Ce n’est pas possible » ou des « Je n’en suis pas capable ». C’est vous qui allez lui permettre d’explorer d’autres possibilités. Vous voulez réaliser un objectif dans un an ? Imaginez que vous devez le réaliser dans un mois. Votre cerveau trouvera un chemin plus efficace pour y parvenir. Si vous imaginez que tout est possible, votre cerveau le croira et vous donnera les clés pour agir en conséquence.

Note de fin

Je vous ai parlé de votre cerveau comme d’une entité à part, et vous pensez certainement : « Mais le cerveau, c’est nous-même / nous sommes notre cerveau. »

Je vous répondrais que c’est un vaste sujet. Comme je l’ai dit plus haut, une partie du cerveau ne sait pas faire la différence entre réalité et fiction, alors que « moi », je le peux… Vous pouvez donc essayer de voir cette partie que vous ne contrôlez pas comme une entité à part, avec laquelle vous travaillez en collaboration pour donner le meilleur de vous-même. L’auteure Elisabeth Gilbert a un système similaire : elle voit son inspiration comme une petite fée qui lui souffle des idées. Cela permet de partager les responsabilités en quelque sorte, et de moins se mettre la pression.

« Si je me sens un peu moins inspirée aujourd’hui, c’est parce que ma muse ne m’a pas rendu visite. »

« Si j’ai eu un blocage aujourd’hui, c’est mon cerveau primitif qui a pris peur et s’est mis en mode mammouth. »

Partager ses peurs et ses responsabilités est salutaire ; il m’est déjà arrivé d’oublier mes propres peurs en essayant de rassurer quelqu’un de plus apeuré que moi.

En conclusion : soyez indulgent avec votre cerveau, et il vous le rendra 🙂


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